Un amendement déposé sur la hausse de la taxe des paris hippiques a fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours. Le gouvernement est à la recherche de fonds pour financer le déficit de la Sécurité Sociale. Quoi de mieux que se tourner vers un secteur qui rapporte déjà beaucoup à l’Etat avec une hausse de la taxation.
Les professionnels se mobilisent
Oui, mais voilà. Les professionnels du milieu ont fait part de leur mécontentement, une mobilisation justifiée. Le projet de loi visait une augmentation de la taxation des produits bruts concernant les paris hippiques et autres jeux d’argent et de hasard qui serait passée de 6,9 à 7,5 % pour les réseaux dits physiques. Concernant le online, le taux aurait avoisiné les 15 %.
Toute la filière hippique s’est mobilisé pour faire face à cette menace, avec raison. Si le secteur rapporte une belle manne à l’Etat, il n’en demeure pas moins que l’équilibre reste fragile. Plusieurs acteurs de ce secteur peine à s’en sortir et ce projet arrivait comme un coup de massue sur leurs têtes. L’impact de cette fiscalité aurait des conséquences désastreuses et il est légitimes d’en demander le retrait.
Un équilibre fragile
Si l’amendement a été rejeté lundi dernier par l’Assemblée Nationale, la colère est toujours aussi vive, tout comme la crainte. Matthieu Abrivard, professionnel phare des courses de trot, indiquait à son niveau: “Ça va impacter quotidiennement tous nos fournisseurs. Nous, au quotidien, notre écurie, ça va devenir de plus en plus compliqué à faire tourner. Il va y avoir moins de chevaux aux courses donc ça peut s’effondrer un château de cartes”. Toujours est-il que la réaction des acteurs hippiques est légitime, tout comme leur protestation.
Une grève inédite le jeudi 7 novembre 2024
Ainsi, pour la première fois depuis la période sombre du Covid, il n’y aura pas une seule course ce jeudi 7 novembre 2024. Tout le personnel des courses est en grève et une manifestation aura lieu dans les rues de Paris pour contrer cette mesure. Cette hausse des taxes sur les paris hippiques est perçue comme une vive attaque et cette journée de mobilisation générale a été organisée pour marquer le coup.
Une décision en suspens…pour le moment
Cette nouvelle taxation sur les paris, qui a pour but le financement de la Sécurité Sociale, est pour le moment écartée. Ceci dit, la vigilance est de mise pour les professionnels du monde hippique qui restent sur leurs gardes. Cette hausse de la taxation coûterait entre 20 et 50 millions d’euros à la filière selon son président Olivier de Seyssel. “Ça peut supprimer 10% du salaire de tous ces agriculteurs qui sont des entraîneurs ou des éleveurs. Je vous garantis que ce ne sont pas des gens qui roulent sur l’or. Ils font énormément d’heures pour des revenus autour du Smic et un peu plus. C’est toute l’activité de la ruralité qui est mise en péril” selon ce dernier.
Mobilisation générale du monde des courses
Associations et syndicats appellent à une journée “filière morte” depuis plusieurs jours et à une manifestation à Paris. Car, c’est tout le microcosme qui est touché par cette mesure. Bien connu dans le milieu, Dany Terbeche s’inquiétait également. “Comment des gens font pour ne pas avoir envie de se battre pour leur propre vie ? J’espère bien qu’il y aura 10.000 personnes pour défiler dans les rues de Paris. 5.000, ce serait trop peu pour faire “échec et mat”. À 10.000, nous faisons la démonstration de la force de l’activité dont il faudra tenir compte dans les prochaines années”, estime le propriétaire de trotteurs, qui planche sur les questions autour de l’organisation de cet évènement depuis déjà plusieurs jours. Avec un départ prévu vers 13h30 de la place Denfert-Rochereau, tout a été prévu pour assurer la sécurité du convoi et le bon déroulement de cette démonstration de force.
Le montant qui pourrait être récupéré avec ces taxes sur les paris hippiques est biaisé. Sur le papier, cela peut sembler une bonne idée mais en réalité, ce n’est pas le cas. Depuis l’annonce fin octobre, la grande majorité des pros est inquiéte de ce projet de loi. Moins de partants par course, une filière sur le déclin, et par répercussion, des paris en berne. C’est ce qui risque d’arriver dans le cadre de cet amendement envisagé mais rejeté pour le moment par l’Assemblée Nationale.
Tout danger n’est pas écartée pour la filière ceci étant. Ce projet de taxation sur les paris hippiques et jeux d’argent n’a pas encore totalement écartée.
Une filière en danger
En France, une course provoque beaucoup d’engouement mais ce marché ne peut pas combler tous les déficits. Alourdir la taxation fragilise un équilibre déjà instable. D’où, l’incompréhension des professionnels. Une baisse des allocations de course entraîne une spirale négative. Moins d’argent redistribuée, donc moins de moyens de financement pour l’ensemble du secteur. A terme, il y aurait moins de chevaux à l’entraînement, donc moins de partants, raison pour laquelle la taxation du produit brut des courses est néfaste.
Le Ministre du Budget va devoir plancher sur d’autres solutions avec les députés. Le déficit de la Sécurité Sociale ne se finance pas avec un domaine qui pourrait voir son avenir compromis. Le monde du cheval a été entendu et leur action va faire grand bruit ce jeudi 7 novembre 2024. Une journée à marquer d’une pierre blanche à n’en pas douter.